Faute d'adeptes nous devrions avoir subi le dernier changement d'heure
Article lu 26977 fois, depuis sa publication le 06/11/2015 à 07:47:26 (longueur : 3657 caractères)
Depuis le 25 octobre dernier, nous sommes revenus à l'heure d'hiver et, avec nous l'ensemble des Etats membres de I' Union européenne, qui changent d'heure au même moment depuis 1998, afin de faciliter les communications et les transports.
Le premier changement d'heure remonte à une loi du 2 mai 1923, qui a aligné l'heure en France sur celle du méridien de Greenwich près de Londres, le GMT, avec des décalages d'une heure, de mars à octobre.
En 1940, l'occupant allemand nous a fait aligner son temps sur le sien, jusqu'à la libération où le gouvernement provisoire de la République est revenu à l'heure de 1939, le GTM +1 et sans rien y changer par la suite.
Puis, en 1976, le changement d'heure bisannuel a été rétabli, après le premier choc pétrolier, par le président de la République de l'époque Valérie Giscard d'Estaing, pour des raisons d'économie, et rien n'a été changé depuis.
Pour le commun des mortels, en avançant l'heure en avril, on allume l'électricité plus tôt le matin en se levant, mais on l'allume plus tard en fin de journée en gagnant la soirée, ce que l'on a perdu le matin.
Ce n'est pas si simple et à en croire une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie, l'Ademe, publiée en 2011 sur le sujet, il n'en est rien, car grâce au passage à l'heure d'été.
- Une consommation d'électricité plus importante le matin, avec notamment un pic à 6 heures équivaut à 5 heures en heure d'hiver ;
- Une consommation beaucoup moins importante le soir, notamment entre 20 et 21 heures équivalent à la période entre 19 heures et 20 heures l'hiver.
Comprendra qui pourra !!!
En 2009, l'économie était d'environ 10 centimes de l'heure par foyer, avant la généralisation des éclairages basse consommation.
Au total, l'économie exprimée en demande moyenne d'électricité, chiffrée en 2009, a été de 440 gigawatt-heure par an, principalement en éclairages publics, soit l'éclairage d'une ville de 800 000 habitants.
En fait, ces économies n'ont jamais été démontrées, tout en étant affichées comme acquis.
Il en est de même des impacts négatifs du changement d'heure, deux fois par an, mise à part qu'il faut régler montres et pendules, et que des étourdis se font prendre chaque année, les uns ratent un rendez-vous ou un train et les autres arrivent une heure trop tôt ou trop tard.
Selon un récent sondage, 54 % des Français sont contre la pratique du changement d'heure, 27 % sont neutres et 19 % y sont favorables.
Ils sont 59 % à ignorer que cela leur permet de réaliser des économies, qui sont d'ailleurs devenues insignifiantes, mais majoritairement, à raison de 75 %, ils mettent en avant un impact négatif sur le sommeil, l'alimentation ou l'humeur.
Ce constat est régulièrement appuyé par des études sur l'impact du changement d'heure, dont le dernier en date, publié en septembre, a été réalisé par la Commission européenne et mérite une attention particulière.
On y lit que « la santé peut être affectée par le changement de biorythme du corps, avec des possibles troubles du sommeil et de l'humeur ».
Rappelons une étude suédoise de 2008, publiée en son temps dans le New England Journal of Medicine, s'appuyant sur des statistiques du pays, entre 1987 et 2006, qui constate « une augmentation statistiquement significative du risque de crise cardiaque » dans les semaines suivant le changement d'heure, notamment celui d'été.
Dans ce contexte, nous sommes fondés à croire, comme l'exprime dans le titre de notre Edito, que nous devrions avoir subi, en octobre 2015 notre dernier changement d'horaire.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef