La courbe de l'espérance de vie s'inverse en France

L'espérance de vie à la naissance a diminué en France en 2015 de 0,3 an pour les hommes et de 0,4 an pour les femmes.

C'est une première depuis 1969 alors qu'elle remontait régulièrement, au grand dam des régimes de retraite.

Quelle conclusion peut-on en tirer, est-ce purement conjoncturel ou sommes-nous en face des premières conséquences de la pollution et du réchauffement climatique qui pèse sur notre espérance de vie.

Les précédentes baisses ne touchaient que les femmes, comme en 2003 avec la canicule et en 2012 avec un épisode de froid et elles étaient, chaque fois de moindre ampleur.

Cependant, la hausse continue de l'espérance de vie des hommes avait compensé ces deux baisses et conduit à la poursuite de l'augmentation globale de la population.

Pour les démographes, on est en 2015 face à un recul conjoncturel, en sachant que depuis 2015, les femmes ont gagné 1,2 an et les hommes 2,2 ans d'espérance de vie à la naissance et pour eux, il n'y a pas de raison pour que cela ne continue pas pour le moment.

Aujourd'hui, l'espérance de vie est respectivement de 78,9 ans et de 85 ans pour les hommes et pour les femmes.

Si les démographes se trompaient, ce serait une bonne nouvelle pour l'équilibre des régimes de retraite par répartition, condamnés depuis des années à verser les pensions à des retraités de plus en plus nombreux, parce que vivant plus longtemps, sans pouvoir augmenter leurs recettes dans la même proportion.

Face à cette situation, le seul moyen d'action est le report de l'âge de départ à la retraite, ce qui est mal perçu en France.

L'espérance de vie, établie à la naissance est une moyenne que les individus dépassent ou n'atteignent pas, selon leur hérédité, leurs origines, leur mode de vie et d'une part de chances, bien évidemment.

A cet égard, le bilan démographique 2015 établi par l'INSEE n'est pas rassurant.

Le nombre des décès est au plus haut depuis 1945, ce sont 599 000 personnes qui sont décédées en France métropolitaine, soit 41 000 de plus qu'en 2014.

C'est le résultat mécanique du vieillissement de la population, mais aussi de facteurs externes comme la canicule en juillet, les vagues de froid en octobre ou encore, encore l'épidémie de grippes en début année, qui emportent les plus fragiles.

Dans le même temps, en 2015 les naissances, bien qu'en diminution de 19 000 par rapport à 2015 ont excédé de près de 200 000 le nombre de décès.
On parle encore de la France comme pays d'accueil des étrangers, alors que le solde migratoire reste relativement faible, pour s'établir à 47 000 personnes en un an, ce qui devrait nous interpeller.

Nous accueillons des milliers de touristes et mais peu de personnes veulent s'installer chez nous, alors qu'avant la dernière guerre mondiale, on parlait à l'étranger de la France comme le pays où coulaient le lait et le miel.

La France a connu malgré tout une augmentation de sa population de 0,7 % et compte désormais 66,6 millions d'habitants.

Le nombre de mariage est resté stable avec 239 000 mariages célébrés en 2015 dont 8 000 entre personnes du même sexe contre 241 292 et 10 522 du même sexe en 2014.

Le taux de fécondité est en légère baisse, en passant sous la barre des 2 enfants par femme, il est de 1,96 enfant par femme, ce qui reste un niveau élevé en Europe.

Par contre, l'âge moyen d'accouchement est en hausse depuis 10 ans, il est de 30,4 ans en 2015, contre 29,6 ans en 2005.

Certains experts s'inquiètent de la baisse de la fécondité, alors que 791 000 bébés sont nés en France, soit 19 000 de moins qu'en 2014, mais on ne peut pas parler pour autant de baby-crash.

Cette baisse est imputable à la diminution de la population en âge de procréer explique l'Insee, comme conséquence logique du vieillissement de la génération issue du baby-boom.

On sort de la fécondité haute qui était celle de 2006 à 2014 mais on ne sait pas si on entame une baisse durable ou si l'on revient au niveau moyen de long terme, qui est un niveau très haut par rapport au taux européen qui tourne autour de 1,55.

Les statistiques reflètent un comportement général, pas facile à comprendre et encore moins à interpréter, sans le recul nécessaire.

Erik Kauf
Rédacteur en Chef