Tout savoir à propos du don du sang

La Journée mondiale du sang est l'occasion de parler des donneurs, bénévoles et anonymes en France et aussi des malades que le don du sang permet de sauver.

C'est aussi l'occasion pour l'Etablissement français du sang, l'EFS d'alerter une fois de plus, comme il le fait régulièrement sur les besoins croissants en dons, surtout à l'approche des congés annuels où les donneurs habituels partent en vacances.

Rappelons qu'en France, le don du sang relève d'une démarche purement altruiste, car il n'est pas rémunéré, ni financièrement, ni d'aucune autre sorte.

Les donneurs réguliers, ils sont nombreux en France, sont à l'écoute des appels de l'EFS et se sont présentes en 2013, 2 833 351 fois aux dons du sang.

C'est une population, généreuse, ils sont près de 1 630 000, des personnes satisfaites de leur vie et généralement d'un caractère optimiste.

Il faut savoir que le don du sang est sans danger pour la santé du donneur et il prend - au plus - entre 30 et 45 minutes de son temps.

Pour en savoir plus sur l'utilisation des dons, une récente étude permet de se faire une idée sur les bénéficiaires directs des dons et sur l'usage des produits sanguins dérivés comme les plaquettes et le plasma.

Le principe de la gratuité des dons s'étend aux produits sanguins dérivés, couplés au non-profit réalisé par les établissement qui prélèvent le sang et fabriquent des produits dérivés commercialisés, avec les problèmes que cela peut poser, comme nous le verrons plus loin.

Il ressort de cette enquête, s'appuyant sur des données recueillies en 2011 auprès de 300 établissements hospitaliers, ayant analysé le profil de 4720 receveurs, que 54 % des transfusions étaient programmées dans le cadre de maladies chroniques et que les cas d'urgences vitales représentaient, seulement, près d'un quart du total.

Après les maladies pathologiques comme les maladies hématologiques, dont les leucémies et les maladies cancérologiques, arrive comme autre demandeur à satisfaire, la chirurgie avec, au premier rang, les victimes d'accidents.

Si la transfusion peut sauver la vie de patients de tous âges, son usage s'accroît avec l'âge des malades, au point qu'un sur deux a plus de 70 ans.

En France, nous n'avons jamais eu besoin d'importer du sang au regard du plan quantitatif global, en revanche, la situation est devenue périlleuse pour ce qui est de l'autosuffisance qualitative des dons du sang, alerte le professeur Jacques Chiaroni, directeur de l'US des Alpes-Maritimes.

Le problème concerne des groupes sanguins, rares dans la population générale, mais fréquents dans certaines populations migrantes, au point que l'approvisionnement en dons du sang pourrait devenir insuffisant pour ces groupes.

Il faut savoir que la répartition entre groupes sanguins varie considérablement selon les régions du globe, à une époque où la mondialisation amplifie les mouvements migratoires.

Le risque est maîtrisable, dans la mesure où la population migrante participe aux dons du sang en quantité suffisante, et ce dans son propre intérêt, explique le professeur Jacques Chiaroni, compte tenu de leurs besoins de transfusion spécifiques.

Face à ce risque, des actions de sensibilisation ciblées sont indispensables, notamment pour lutter contre des blocages culturels et religieux.

Revenons ici aux produits dérivés du sang qui ont une place croissante en médecine moderne, tout en permettant de mieux valoriser les dons, en limitant les gaspillages.

Si la France veut rester stricte dans ce domaine, elle sera moins compétitive pour la vente des produits dérivés que les entreprises des pays hors Union européenne où le don du sang est rémunéré.

Cela peut surprendre, mais s'explique par les normes de sécurité et de contrôles imposés par la réglementation européenne.

Le droit français accorde à l'ESF un monopole des activités de préparation, de qualification et de distribution de certains produits dérivés du sang, ce qui crée pour lui un marché protégé.

Celui-ci risque de s'opposer à la jurisprudence de la Cour européenne à l'occasion d'un conflit avec un laboratoire Suisse relatif à de la qualification des produite dérivés du sang, ce qui fragilise le modèle français.

Erik Kauf
Rédacteur en Chef