Construisons une maison écolo en 2016
Article lu 31227 fois, depuis sa publication le 04/03/2016 à 07:41:35 (longueur : 5302 caractères)
Le bâtiment est responsable, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, l'Ademe de 43 % de la consommation d'énergie et de 23 % des émissions des gaz à effet de serre.
Celui qui construit cette année sa maison d'habitation doit penser écolo, même si cela lui coûtera plus cher qu'une maison traditionnelle, mais moins que d'effectuer plus tard une coûteuse rénovation énergétique.
Il économisera sur les frais de chauffage et gagnera dès son aménagement en confort.
La première étape est le choix de l'orientation de la maison, selon le climat de la région et si le plan d'urbanisation le permet.
La maison doit s'adapter au terrain et être pensée selon le climat de la région, ce qui n'est pas possible dans un lotissement aux règles rigides comme, il en existe beaucoup en France.
L'idéal pour une maison est de capter au maximum la lumière du soleil, car même en région froide, une orientation plein sud permet, uniquement grâce à l'ensoleillement de construire une maison passive, sans chauffage conventionnel, avec des températures très agréables en hiver.
Pour obtenir ce résultat, il faut utiliser des matériaux capables d'emmagasiner la chaleur, puis de la restituer petit à petit lorsque le soleil ne chauffe plus.
La pierre ou la brique offrent cette inertie et si le bois en manque, il possède d'autres qualités écologiques, c'est un matériau décrit comme sain, renouvelable, très isolant et sans ponts thermiques, c'est-à-dire des endroits d'où la chaleur s'échappe.
Le choix du bois est encore minoritaire, à cause de son coût et ne représente qu'un peu plus de 10 % d'un marché de 136 300 maisons en 2015, selon les chiffres de l'Union des maisons françaises.
Les maisons neuves sont tenues d'être de moins en moins gourmandes en énergie, ainsi une maison construite selon les normes RT 2012 ne doit pas consommer plus de 50 kWh par mètre carré par an, voire, avec une tolérance au plus de 80 kWH, à comparer aux 130 à 250 kWh de la RT 2005.
Il ne faut pas confondre des maisons à énergie passive avec des maisons à énergie positive, c'est-à-dire celles qui produisent davantage d'énergie qu'elles n'en consomment, grâce à l'utilisation des énergies renouvelables.
Cependant, il faut pouvoir rentabiliser, par un contrat de cession de ce supplément d'énergie, alors que le coût de construction dépasse de 40 % celui d'une maison classique, pour atteindre entre 1 500 et 2 000 euros le mètre carré.
Lorsque les équipements de chauffage utilisent des énergies renouvelables, du bois, de la géothermie, elles sont plus chères à l'achat ce qui fait beaucoup de maison utilisent encore des combustibles fossiles, ce qui rend la chaudière à gaz très performante, comme actuellement, vu la baisse du prix du brut, ainsi que les chaudières fonctionnant au fuel.
Tout ceci explique que la production à grande échelle de maison à énergie positive reste difficile à justifier en ce moment.
Actuellement, une maison dite « écolo » coûte 15 à 20 % plus chère qu'une maison classique, mais cet écart à tendance à diminuer avec l'évolution des techniques utilisées et une production à plus grande échelle.
L'idéal est de pouvoir faire construire une maison à ossature bois, ce qui est plus facile dans une région forestière où, le surcoût est ramené à 5 ou 7 %, contre 20 % ailleurs, à cause d'un moindre coût du transport.
Une référence pour les maisons à ossature de bois est la construction du plus grand bâtiment en bois massif d'Europe, édifié à Ris-Orangis dans l'Essonne, au sud des Paris.
Il s'agit d'une résidence de 140 logements, dont la mairie veut faire une référence, pour ses performances thermiques, mais aussi sa faible empreinte carbone.
L'architecte a utilisé des panneaux de bois lamellé-croisé, « crosslamited timber » CLT, des panneaux massifs, fabriqués en Autriche.
Bio sourcés et recyclables, le matériau de construction CLT arrive en kit sur le chantier, sous forme de panneaux de bois préoccupés à la bonne mesure, qu'il suffit d'assembler.
Les travaux génèrent huit fois moins de rotation de camions, mais aussi moins de déchets, moins de poussières et nécessitent moins d'eau.
Ce qui frappe lorsque l'on arrive sur le chantier, c'est le peu de bruit que génèrent les travaux, malgré la présence de trois grues.
Le bois CLT stocke le carbone et est très efficace au niveau énergétique et d'un point de vue architectural, présente une grande souplesse d'adaptation.
Loin d'être une contrainte freinant la créativité, ce matériau offre une grande liberté, ajoute l'architecte.
Epais et très résistant, les panneaux de bois viennent constituer les murs porteurs, les planches et les éléments de couverture de l'édifice.
Seules les fondations et les rez-de-chaussée, à cause de l'humidité du terrain, ne sont pas en bois, ainsi que les cages d'escalier et d'ascenseurs.
A épaisseur comparable, un mur en bois isole quinze fois plus qu'un mur en béton, permettant de réduire d'un tiers les besoins énergétiques des logements.
Le bois utilisé sur ce chantier a été importé d'Autriche, parce que, selon l'architecte les usines de transformation en bois CLT ne sont pas encore opérationnelles en France.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef