Avec Ariane 6 l'Europe prépare les lanceurs de satellites de demain
Article lu 37926 fois, depuis sa publication le 25/07/2014 à 07:47:02 (longueur : 4254 caractères)
Dans le domaine des lanceurs de satellites, la concurrence sera vive entre européens et américains, davantage sur les prix que sur les performances
On sait qu'elle se jouera sur le prix, car la famille de la fusées Ariane 5 a fait ses preuves de fiabilité, mais elle est pénalisée par des prix trop élevés.
C'est dans ce contexte que Airbus Groupe associé à Safran compte faire accepter par à l'Europe son projet de fusée de nouvelle génération, Ariane 6, à un prix acceptable, en sachant que celui-ci dépendra du cout de développement, que leurs clients potentiels seront disposés à payer.
Il y a quelques jours, début juillet, l'offre commerciale faite en son temps par les deux industriels européens a été évoqué à Genève à l'occasion d'une réunion interministérielle informelle, sans que le moindre accord , comme il fallait s'y attendre, ait pu se dégager de cette réunion.
Cependant, Geneviève Fioraso, secrétaire d'Etat à la Recherche du gouvernement français a affirmé qu'elle était sortie très confiante de cette réunion avec ses homologues européens, membres de l'ESA.
Maintenant, il faut laisser à nos entreprises le temps de finaliser leur projet, pour lui donner l'occasion d'avoir raison.
Cependant, la fusée Ariane 6, qui doit succéder à Ariane 5, devenue trop couteuse face à la concurrence américaine de Space X, a été , dans une première approche considérée, de son côté, également comme beaucoup trop chère, selon un proche du dossier.
Selon des avis autorisés, les propositions d'Airbus Industrie et de Safran ne correspondent pas au budget de l'Agence spatiale européenne, l'ESA et doivent être fondamentalement revues, notamment dans leur conception de base, pour devenir compétitives, face à la concurrence américaine.
Il y a 18 mois, les pays membres de l'ESA avaient demandé aux industriels européens, de faire un proposition commerciale pour construire Ariane 6 et ce qui leur a été proposé, dans un premier temps, correspondait à leur attente.
L'architecture retenue était en rupture audacieuse par rapport à Ariane 5, en prévoyant trois premiers étages à poudre presque identiques, pour faire des économies d'échelle et un dernier étage était prévu avec un moteur à hydrogène liquide.
Puis, à la surprise générale, le 20 janvier 2014, Airbus et Safran ont annoncé que ce projet, déjà retenu dans son principe par l'ESA n'était pas réalisable, à cause du niveau de son prix.
Ils ont proposé une version alternatives du futur lanceur Ariane 6 comprenant en fait deux versions distinctes, une version lourde et une version moins puissante, selon les services respectifs a en attendre, ce qui correspond, il faut bien le dire, à une certaine logique.
La version lourde, Ariane 6,1 serait destinée au lancement des satellites de télécommunication vers des orbites géostationnaires et une version dite 6, moins puissante que la version 6,1 serait destinée aux lancements des satellites institutionnels, à placer en orbite basse.
Pour Airbus et Safran, cette solution aurait l'immense avantage de la continuité technique puisqu'elle réutiliserait tous les moteurs existant d'Ariane 5, ce qui réduirait les frais de développement des versions d'Ariane 6.
Le développement d'Ariane 6 et d'Ariane 6,1 sur ces nouvelles bases permettrait de faire une proposition compétitive à l'ESA, une fois que tous les problèmes techniques auront été résolus.
Il reste encore un problème technique essentiel à résoudre, celui de la capacité d'Ariane 6,1 de monter en orbite géostationnaire une charge de 8,5 tonnes au lieu des 6,8 tonnes annoncées initialement par les experts.
D'ici la prochaine réunion informelle programmée pour fin septembre, Airbus et Safran devront avoir revu leurs coûts de développement pour entrer dans le budget de l'ESA, tout en trouvant des solutions techniques crédibles, face à l'américain spaceX.
Rappelons que la filière spatiale européenne représente 10 milliards d'euros de budget d'investissements, dont 2 milliards fournis par la France.
Elle représente 37 000 emplois directs dont 16 000 en France, sans compter les innombrables emplois indirectes qui en dépendent.
Dans l'immédiat il faut répondre à l'attente des 20 pays membres de l'Agence spatiale européenne.