Le prix du pétrole subira encore l'épreuve de la spéculation
Article lu 27549 fois, depuis sa publication le 25/03/2016 à 07:43:41 (longueur : 4905 caractères)
Jusqu'au choc pétrolier de 1973, le pétrole et le gaz étaient assimilés aux dons du ciel, au même titre que l'eau, qu'il suffisait d'extraire du sol, de le transporter et de le traiter en fonction des demandes.
Cependant des Etats utilisateurs, comme la France, ont compris la valeur de ce produit pour les consommateurs et l'ont taxé plus ou moins lourdement, selon leurs besoins, en visant principalement les carburants auto, dont plus personne ne peut se passer.
Pendant ce temps, les Etats où se situaient les gisements devaient se contenter de quelques miettes et se contentaient de peu, comme l'Algérie, après l'acquisition de sa souveraineté sur les gisements mis à jour au Sahara par la France.
Puis, d'octobre à décembre 1973, aux termes d'une grave crise au Moyen Orient, le prix du baril de pétrole est passé de 3 dollars à 10 dollars, alors qu'il était resté longtemps autour des 2 dollars.
A partir de ce moment-là, la hausse du prix du pétrole a creusé le déficit extérieur des pays consommateurs, mais la crise qui aurait pu en résulter été différée grâce à la forte demande interne dans les pays industrialisés.
L'OPEP a été créée le 14 septembre 1960 à l'initiative de l'Iran et du Venezuela, visant à créer une organisation internationale des pays producteurs de pétrole, afin de constituer un cartel, pouvant agir sur les prix.
A l'origine, seuls cinq pays en étaient membres, les deux pays fondateurs plus l'Arabie Saoudite, l'Irak et le Koweït, avant d'être rejoints par d'autres pays producteurs.
On a longtemps parlé que du pétrole en considérant le gaz, avant de le valoriser, comme un produit fatal, juste bon à brûler à la torche.
L'utilité de ce gaz est apparue en France, avec la découverte du gisement de Lacq en Aquitaine, comme un combustible pouvant se substituer à l'ancien gaz de ville, produit à partir de la houille et stocké dans des gazomètres extensibles, mais très vilains, refoulés à l'entrée des villes.
Avec la montée du prix du pétrole et du gaz, les recherches se sont intensifiés sans en freiner la progression et les consommateurs se sont accommodés, par la crainte un jour d'en manquer.
C'est ainsi que la barre des 100 dollars le baril a été franchi, et les spéculateurs tablaient déjà d'un baril à 200 dollars.
Un géant du pétrole venait d'obtenir l'autorisation de forer sous les glaces de l'Arctique, en faisant abstraction des risques que cela représentait pour l'environnement, en voyant pointer les profits à l'horizon.
Puis, le déclic est venu de la mise en exploitation par les Américains des gisements de schiste par la fracturation hydraulique, sans se soucier des risques écologiques.
Ils sont devenus concurrents directs de l'Arabie Saoudite, en devenant exportateurs de brut.
Entre-temps, le Canada a pu mettre en exploitation ses vastes gisements de sables bitumineux de l'Alberta, devenus rentables à cause de la hausse du prix du brut, en faisant fi de la pollution et de la destruction de l'environnement, rendu rentable par la hausse du prix du brut.
L'Arabie Saoudite a maintenu sa production et a baissé ses prix pour préserver ses parts de marchés, au point d'en perdre le contrôle et tous les pays producteurs de pétrole ont suivi.
Aujourd'hui, le prix du baril de pétrole brut a baissé plus vite qu'il avait grimpé et l'exploitation d'un nombre croissant de gisements n'est plus rentable et doit être stoppée.
Parallèlement l'activité de recherche et de développement a été mise en sommeil et les sociétés de services pétroliers et leurs fournisseurs connaissent les pires difficultés, tout en espérant des jours meilleurs.
En effet, le monde a besoin des produits pétroliers et une fois les stocks épuisés, le prix remontera sous l'effet de la demande.
Certes, le monde sortira progressivement des combustibles fossiles pour lutter contre le réchauffement atmosphérique et le déclin de la consommation des énergies fossiles est amorcé dans l'habitat et dans l'automobile, par l'isolation et des moteurs de plus en plus sobres.
La propulsion électrique se développe et d'autres moyens des propulsions verront le jour.
La grande inconnue reste le comportement des pays producteurs de pétrole, vont-ils produire de manière à satisfaire la demande, ou faire de la rétention, en faisant revivre le cartel pour faire monter les prix.
Ils peuvent aussi brader la production pour tenter de retarder le déclin.
Aujourd'hui, le vrai prix des produits pétroliers, c'est le coût de l'extraction du brut et du gaz, la nature des produits et la demande, il y a les frais de transport, de traitement et les frais de distribution, qui valorisent les produits.
Il y aura toujours le prix de marché, qui fluctuera en fonction de l'offre et de la demande instantanée et qui peut encore réserver des surprises.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef