Perception du rôle des océans dans la régulation du climat

A l'occasion de la Journée mondiale de l'océan, qui s'est déroulée le 8 juin dernier, la Commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco et la Plateforme océan et climat ont organisé à Paris des rencontres sur les relations étroites qui unissent milieu marin et climat.

Cette rencontre était l'occasion de situer les débats dans la perspective de la conférence de l'ONU sur le changement climatique, la COP 21 qui se tiendra à Paris avant la fin de l'année.

A cet effet, il a été demandé, à Françoise Gail, directrice de recherches au CNRS et présidente du conseil stratégique de la flotte océanographique de recherche française, de préciser cette évolution.

Pour Françoise Gail„ il s'agit d'une alliance née de la volonté d'instituts de recherche et d'ONG d'oeuvrer ensemble pour que la question de l'océan soit intégrée dans les négociations internationales sur le climat.

Il s'agit d'acteurs de la société civile étonnés de constater que le milieu marin est à peine mentionner dans les textes sur lesquels les Etats sont censés s'engager dans le cadre de cette conférence vitale.

Pour elle, il paraît incroyable quand on pense à quel point les océans sont essentiels pour le climat, il fallait le dire.

Cependant, à chaque COP, il y a une rencontre consacrée aux océans, mais ce sont les ONG qui l'organisent.

Cette fois-ci précise Françoise Gail, nous voulons obtenir du GIEC qu'il consacre un rapport spécifique sur cette question.

C'est le sujet le plus délicat, car il concerne notamment les prévisions de la montée des eaux„ à laquelle personne ne peut répondre avec une précision suffisante, alors que cette montée déclenchera de vastes déplacements de populations, sans espoir de retour.

On attend une montée des eaux de 25 centimètres dans le meilleur des cas, voir au pire de 98 cm, d'ici la fin du siècle.

La chaleur emmagasinée génère une dilatation de l'eau de façon non homogène, qui participe à l'élévation de son niveau qui est principalement alimentée par la fonte des glaces, la dilatation de l'eau imputable à la hausse de la température de l'eau n'étant que l'un des éléments constitutifs.

C'est l'Institut Prince Albert 1er de Monaco qui va porter cette demande, pour permettre d'imaginer des solutions pour l'avenir.

Il faut expliquer quel est le rôle de l'océan dans la régulation du climat et en quoi le réchauffement va avoir un impact déterminant sur l'écosystème marin.

Les océans absorbent la chaleur avec le plus d'efficacité, en sachant que le milieu marin stocke plus de 90 % de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère générée par un excédent d'énergie.
Par contre, nous ne savons pas jusqu'à quand il pourra jouer ce rôle, car nous ignorons comment fonctionne cet échange avec l'atmosphère.

De plus, l'un des problèmes les plus préoccupants reste l'acidification des océans qui ne se réduit pas à une prévision pour l'avenir, mais qui est déjà mesurable.

Par rapport à la période préindustrielle qui sert de référence aux conséquences du changement climatique imputable aux émissions de gaz à effet de serre, l'acidité des océans a augmenté de 26 %.

Les eaux de surface sont de plus en plus corrosives et le rôle des émissions de CO2 est sans équivoque, en sachant que l'océan a absorbé, selon les scientifiques, un quart du CO2 émis par les activités humaines.

Il est normal que dans ce contexte, que la Journée mondiale des océans se soit terminée par une cérémonie de clôture de haut niveau, au cours de laquelle les recommandations respectueuses de l'océan en matière de stratégies d'atténuation et d'adaptation identifiées au cours des ateliers et tables rondes, ont été présentées aux chefs d'Etat, membres de gouvernements et représentants des Nations unies et autres décideurs, présents.

Il s'agissait de leur transmettre les attentes pour la préservation de l'océan et du climat, pour un effort afin de mettre l'océan au centre des négociations sur les changements climatiques à venir, qui auront lieu à la COP 21 en décembre prochain à Paris.

Erik Kauf
Rédacteur en Chef