Evolution de la perception et de l'usage des résidences secondaires

Trois millions de foyers français disposent d'une résidence secondaire, plus ou moins éloignée de leur résidence principale.

C'est tantôt l'ancienne maison familiale dont on garde les souvenirs et où les membres de la famille se retrouvent régulièrement, tantôt une résidence de loisirs à la mer, à la montagne pour passer des vacances sportives en famille, ou encore une maison à la campagne, une maison ancienne héritée ou achetée pour son plaisir, voire une maison plus récente, pas trop éloignée de la résidence principale, servant plus aux week-ends qu'aux vacances.

Dans ces trois millions de résidences, on ne compte pas les cabanons, les caravanes et les mobile-homes, de plus en plus nombreux et disponibles à l'année.

La culture de la résidence secondaire remonte aux années trente et n'a pas cessé de progresser depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour subir un coup d'arrêt assez brutal, depuis peu.

Elle a été favorisée par l'exode rural qui, à partir de 1950 a conduit à convertir des centaines de milliers de corps de fermes à ce nouvel usage.

La crise économique qui sévit depuis 2008 est pour quelque chose dans ce coup d'arrêt, mais pas seulement, à commencer par le désintérêt des jeunes générations de passer les week-ends en famille.

Les jeunes d'aujourd'hui, préfèrent voyager hors de nos frontières, rencontrer des amis, plutôt que de se retrouver chez les parents, sauf à pouvoir, squatter leur maison, de temps en temps, avec des copains et des copines.

Dans ce contexte évolutif, les « trente glorieuses » de la résidence secondaire ne sont plus qu'un souvenir et les acquéreurs d'alors, qui ne roulaient pas tous sur l'or à l'époque, ont vieilli et voient leurs revenus baisser, face à des charges qui augmentent et à des travaux d'entretien qui se précisent.

Certains cherchent à vendre leur résidence secondaire pour diverses raisons, aider les enfants à démarrer dans la vie, ou encore choisir entre leur résidence principale et leur résidence secondaire pour, limiter les charges qui se cumulent.

A leur décès, les résidences secondaires sont généralement mises en vente, à cause des problèmes de partage, bien que toute la famille aurait voulu continuer à en profiter, surtout les jeunes qui se sont mariés entre-temps et qui ont eux-mêmes de jeunes enfants, mais qui ne veulent pas ou ne peuvent supporter les charges qui y sont attachées.

De plus, les usages ont évolué, ne pas acheter une résidence secondaire, même si l'on en a les moyens c'est conserver sa liberté, en optant notamment pour la location, les clubs de vacances, les croisières, sans immobiliser des capitaux car dans l'esprit moderne, l'usage que l'on peut faire d'un bien l'emporte désormais sur la propriété.

Cependant, avoir des parents qui peuvent conserver la maison familiale est la solution idéale pour pouvoir faire des séjours gratuits sans soucis et sans corvées, voire de laisser les enfants aux grands-parents, tant qu'ils peuvent s'en charger.
Une solution de valoriser sa résidence secondaire, si l'on ne veut pas s'en séparer ou si l'on n'en trouve pas un acquéreur sans la brader est de la louer pour de courtes périodes, dans l'année.

II faut simplement trouver une solution pratique pour ranger ses affaires personnelles, que l'on ne laisse pas à la disposition des locataires.

Le même problème se pose pour des échanges d'appartements entre familles de régions, voire de pays différents, en passant par des organismes qui mettent les candidats en relation, en garantissant la sécurité financière de l'échange.

A défaut, pour bon nombre de vacanciers qui veulent rester en France, les gîtes ruraux sont une bonne solution en donnant l'impression d'être chez soi, lorsque l'on peut s'y retrouver, entouré de sa famille, comme dans une ancienne maison familiale.

Cependant, la bi-résidence reste enracinée dans l'esprit des Français et la bourgeoisie des grandes villes y reste très attachée, même si les bourgeois de Neuilly n'ont plus conservé, tous leurs villas de Cabourg et ceux de Nantes celle de la Baule.

Pour cette raison, on peut dire que la résidence secondaire n'est pas morte, elle se réinvente en version light, sans immobiliser des capitaux, tout en offrant de nombreux services, sous l'impulsion de promoteurs spécialisés, dans le cadre d'une offre de location.

Erik Kauf
Rédacteur en Chef