Passage obligé par une taxe carbone pour lutter contre le réchauffement climatique
Article lu 29600 fois, depuis sa publication le 19/12/2014 à 07:49:14 (longueur : 4669 caractères)
La lutte contre le réchauffement climatique passe par une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, principalement le CO2, alors que sa concentration a augmenté en 2013 à un rythme plus rapide qu'en presque trente ans.
Depuis le semi-échec du protocole de Kyoto, ignoré par les principaux pays pollueurs, qui a pris fin en 2012 et après l'échec de la conférence de Copenhague en 2009, qui devait assurer son renouvellement, avec cette fois-ci l'adhésion de tous les pays membres de l'ONU, les émissions de gaz à effet de serre se sont accélérées, au lieu de ralentir.
Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat, le GIEC, placé sous l'autorité de l'ONU, l'écart n'a jamais été aussi grand entre l'alerte et l'action, alors que les négociations climatiques patinent, faute par les Etats de vouloir prendre des engagements contraignants, et que le GIEC prêche dans le désert, par la diffusion de ses rapports, de plus en plus alarmants.
Dans ce contexte, la conférence de Paris, qui se tiendra à la fin de 2015, sera celle de la dernière chance.
Elle devra établir un plan climatique portant sur la réduction progressive des émissions de gaz à effet de serre, devant empêcher, selon les estimations des experts internationaux, le réchauffement planétaire de dépasser les 2 degrés, au-dessus du niveau préindustriel.
Tous les pays membres de l'ONU, les grands comme les petits, les riches comme les pauvres devront prendre des engagements contraignants sur un plan de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, avec le soutien, en tant que de besoin, du Fonds vert sur le climat, dont le financement devra être assuré par la communauté internationale, sous le contrôle de l'ONU.
Si en décembre 2015, à l'issue de la Conférence de Paris, la sagesse l'emporte, il faudra que chaque pays soit en mesure d'obtenir de tous ses acteurs économiques, publics et privés, un plan de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, pour lui permettre de tenir lui-même l'engagement qu'il aura pris à Paris.
Selon les experts qui se sont exprimés sur le sujet, le succès d'un plan climatique national passe par l'institution d'un régime efficace de tarification du carbone.
C'est ce que préconisent aussi les instances financières internationales et notamment le Fonds monétaire international, l'OCDE et la Banque mondiale.
Le GIEC partage cette approche, qui est, à la réflexion, la seule possible car, sans l'établissement rapide d'une tarification mondiale du carbone, il serait impossible de réduire les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux compatibles avec l'objectif universel d'empêcher le réchauffement de la planète au-dessus des 2 degrés mondial.
Le dernier accord européen sur le paquet climat est l'exemple à ne pas suivre, en illustrant la stratégie qui ne serait fondée que sur des cibles de réduction des émissions, sans régime efficace de tarification du carbone, ce qui fait qu'il se caractérise par un grand flou, qui fait douter de son efficacité sur le terrain.
Dans ces conditions, le « paquet-énergie » européen n'est qu'une pyramide sans base réelle, avec une cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en l'occurrence, 40 % d'ici 2030, mais sans être soutenu par des objectifs contraignants, engageant chaque Etat membre.
En effet, il faut noter l'absence d'objectifs contraignants en matière d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables, eux-mêmes n'étant pas étayés par une réforme véritable de la tarification du carbone sur le continent européen, donc des engagements sans instruments d'application et de contrôle.
On peut penser la même chose de l'accord bilatéral Chine-Etats-Unis, négocié en secret et annoncé à la surprise générale, car il manque aux ambitions affichées, comme au paquet-climat européen, les instruments d'application et de contrôle.
Il faut que la conférence de Paris aboutisse en 2015 à un résultat autrement plus substantiel, car il ne peut pas être question de faire l'impasse sur les cibles nationales de réduction des émissions.
Celles-ci doivent impérativement s'accompagner de moyens adéquats et coordonnés, incluant l'ébauche d'un prix mondial du carbone.
Il faut viser un accord d'engagement contraignant et les instruments à mettre en oeuvre par chaque pays.
Il va de soi qu'un tel accord ne se met pas au point pendant les quelques jours que durera la conférence et c'est dès maintenant qu'il faut les négocier.
Par contre le débat final pourra porter sur le prix souhaitable du carbone au plan mondial, discuté en séance plénière.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef