Le réchauffement atmosphérique de +2 degrés n'est pas une garantie de sécurité Article lu 29383 fois, depuis sa publication le 19/06/2015 à 07:37:03 (longueur : 4192 caractères)
Les 2 degrés Celsius correspondent au seuil limite de l'augmentation de la température que les responsables politiques ont admis, suite aux rapports du Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat, le GIEC.
Ce seuil limite, correspondant au réchauffement à ne pas excéder est également admis par le grand public, depuis l'échec de la conférence de Copenhague, la Cop 15 et de celles qui ont suivi depuis.
Le niveau de sécurité garanti par ce seuil est pourtant largement sujet à caution, comme le montrent les chercheurs dans le domaine de la biodiversité qui dénoncent qu'à plus 2 degrés la température des eaux des océans, la disparition de nos côtes de nombreuses espèces comme les coquilles Saint-Jacques et les bulots, qui seront remplacés par un flux de sardines et par des poissons tropicaux.
C'est une conséquence qui mérite d'être signalée au moment où un rapport technique de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, la CCNUCC met en cause le niveau de sécurité du seuil de +2 degrés.
Ce rapport a été communiqué en appui des négociations sur le climat de l'ONU organisé du 10 au 11 juin à Bonn, en vue de la préparation de la COP 21 qui se tiendra à Paris avant la fin de l'année.
Ce rapport est le fruit d'un dialogue entretenu depuis 2013 entre les négociateurs de la COP et plusieurs dizaines de scientifiques, notamment membres du GIEC.
Entre autres sujets abordés, le texte précise que « des risques élevés sont projetés, même pour un réchauffement supérieur à 1,5 degré » donc sans atteindre les + 2 degrés.
Les auteurs indiquent que les Etats « auraient intérêt à redéfinir l'objectif à long terme comme une « ligne de défense » ou une « zone-tampon », plutôt que comme une garantie de sécurité, ce qui n'est pas le cas.
Il s'agit des + 2 degrés qui ne seraient plus une « garantie de sécurité » comme on a pu le croire jusqu'à présent, mais au mieux une ligne de défense.
Cette nouvelle façon d'envisager les choses devrait conduire à viser des émissions de gaz à effet de serre qui limiteraient le réchauffement à un niveau de température situé nettement sous le seuil des 2 degrés.
Dans un monde plus chaud de 2 degrés par rapport à la période préindustrielle, c'est-à-dire plus chaud de 1,15 degré par rapport au niveau actuel, le rapport de la CCNUCC estime que la rapidité du changement climatique deviendrait trop importante pour certaines espèces et que l'élévation, à long terme du niveau de la mer pourrait excéder un mètre.
Quant à la production agricole mondiale, elle encourra de hauts risques avec toutefois un potentiel d'adaptation.
La différence des efforts à entreprendre entre un objectif de 2 degrés et un objectif de 1,5 degré est notable, dans le premier cas, il faut, selon le GIEC, réduire les émissions de 40% à 70 % d'ici 2050, dans le second de 80% à 90 %.
Pour la CCNUCC, ce rapport ne change rien aux négociations en cours, seulement les 2 degrés ne doivent plus être vus comme un objectif, mais comme une ligne de défense, dont il faut s'éloigner le plus possibles, ajoutons, vers le bas, le nouvel objectif est de ne pas dépasser un réchauffement de 1,5 degré.
Dans une brève note d'analyse du rapport, publiée par la société Climat Analytics et le Potsdam institute for climate Impact, il est dit simplement que la teneur du rapport du CCNUCC montre que la limite de 2 degrés est trop haute.
Cette note rejoint les critiques de nombreux chercheurs en science du climat qui n'ont pas attendu le rapport pour s'exprimer : pour eux, la trajectoire vers 2 degrés de réchauffement était « la promesse d'un désastre ».
La limite des 2 degrés n'est pas issue d'un travail scientifique d'évaluation des risques comme l'aurait fait un riskmanager dans le cadre d'une analyse de risque, c'est le fruit d'une décision politique fondée sur des conseils scientifiques.
Nous tirons le mot de la fin de la déclaration de Helen Clarc, administratice du Programme des Nations unies pour le développement, le PNUD : « Il faut viser un objectif plus ambitieux qui permet de rester sous les 2 degrés annoncés » Il s'agit de viser 1,5 degré.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef
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