La COP 22 qui s'est ouverte à Marrakech a pour objet de mettre en oeuvre l'accord de PARIS
Article lu 27305 fois, depuis sa publication le 18/11/2016 à 07:41:33 (longueur : 4862 caractères)
Le lundi 7 novembre, la France a passé le relais au Maroc à l'occasion de l'ouverture de la 22ème Conférence des parties la COP 22, dans le cadre de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique.
Cette convention a été adoptée au cours du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro au Brésil le 9 mai 1992, pour entrer en vigueur le 2 mars 1994, après avoir été ratifiée par 196 Etats, membres de l'ONU, auxquels il faut ajouter l'Union européenne, qui n'y représente cependant pas ses Etats membres.
La Conférence des parties, qui constitue l'organe suprême de la convention se réunit chaque année lors d'un sommet mondial où sont prises des décisions pour respecter les objectifs de lutte anthropiques, les émissions de gaz à effet de serre du fait de l'homme et les absorbions des puits de carbone, au cours de la deuxième moitié du siècle.
L'accord adopté à cet égard à Paris en décembre 2015, le Traité de Paris, vient d'entrer en vigueur le 4 novembre, trois jours avant le début de la COP 22, après sa ratification dans les conditions prévues à cet égard, une fois signé au siège de l'ONU, à New York, le 22 avril dernier.
Cette ratification a été rapide, contre toute attente, en raison du volontarisme d'acteurs majeurs, les Etats-Unis sous l'impulsion du Président Barack Obama, en fin de mandat et la Chine et des efforts de la présidence française de la COP 21.
Dans ces conditions, la première réunion des parties à l'accord de Paris, la CMA, sigle du Cop Meeting Agreement, pourra être réunie, pour la première fois, à la COP 22.
Cette première CMA s'ouvrira ainsi le 15 novembre, journée à, laquelle plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus à Marrakech, dont François Hollande et le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
Dans ces conditions, il devrait être possible de finaliser la discussion sur les règles communes dès 2018, sans attendre le point d'étape de 2020 prévu par l'accord de Paris.
Rappelons que l'enjeu de la COP 22 est de faire le point sur les engagements volontaires pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et contrer les effets du réchauffement.
Cependant, mises à bout, les engagements des contributions nationales pris pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ne permettent pas de contenir le réchauffement sous le deuil des 2 degrés et encore moins sous celui de 1,5 degré.
Le plafond de 1,5 degré a une portée essentiellement symbolique dans la mesure où il n'est plus à notre portée, tout en correspondant à une revendication justifiée des Etats insulaires, parmi les plus vulnérable aux effets du réchauffement, exposés à être submergés à terme par la montée des eaux.
La COP 22 devrait inviter les Etats à engager des actions additionnelles pour revoir en hausse le niveau de leurs engagements car actuellement, on est sur une trajectoire désastreuse d'au moins plus 3 degrés.
Depuis la COP 21, de nombreuses dynamiques ont vu le jour, notamment l'alliance solaire internationale, une initiative africaine pour les énergies renouvelables, la mission innovation et la coalition pour le prix du carbone.
La ministre de l'environnement marocaine va proposer à Marrakech, avec le concours de Laurence Tubiana, qu'un dispositif de suivi de ces coalitions soit mis sur pied d'ici mai 2017, autour de critères précis et d'un registre d'enregistrement.
Cependant, les délégations devront évoquer prioritairement la lancinante question des financements du climat, sur la base des engagements pris en 2009 à Durban de mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an, d'ici 2020, du nord au profit du sud.
Une étude de l'OCDE estime que le financement public plus du privé, pourrait atteindre une somme comprise entre 77 milliards et 133 milliards de dollars, suivant les scénarios étudiés, ce qui est loin des engagements pris à Durban.
Plus de 20 000 participants sont attendus à Marrakech entre le 7 et le 18 novembre, mais les discussions ont commencé bien plus tôt dans l'année.
Les équipes de négociations ont échangé régulièrement depuis l'adoption de l'accord de Paris et ce sont retrouvées à Bonn, l'ancienne capitale fédérale de l'Allemagne, en juin 2016 pour la session de travail annuelle de la CCNUCC.
Depuis le 6 juillet, la diplomate Mexicaine Patricia Espinosa occupe la fonction de secrétaire exécutive de la CCNUCC, en remplacement de la Costaricienne Patricia Figueres.
Comme prévu, la France qui a assuré la présidence de la COP 21 depuis le 30 novembre 2015, d'abord par Laurent Fabius, puis par Ségolène Royal, a passé le relais à au ministre des affaires étrangères et de la coopération marocaine, Salaheddine Mezouar.
Celui-ci présidera la COP 22 jusqu'à la prochaine conférence sur le climat, prévue dans un an en Asie.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef