L'irresponsable abandon des projets européens de lutte contre la pollution
Article lu 31174 fois, depuis sa publication le 16/01/2015 à 07:36:34 (longueur : 4617 caractères)
Alors que la Conférence internationale sur le climat de 2015, celle qualifiée de conférence de la dernière chance, pour tenter de préserver la présence et la vie de l'homme sur notre planète la Terre, se tiendra à Paris à la fin de l'année, on apprend avec stupeur que le président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker et son vice-président Frans Timmermans ont confirmé, devant le Parlement européen, leur volonté de concentrer leur action en 2015 sur des propositions de loi relançant l'emploi, au détriment de l'environnement.
Cette décision a été rendue publique au moment où vont se multiplier les conférences internationales destinées à préparer le traité international auquel devront adhérer les 195 nations membres de l'ONU, en prenant des engagements contraignants destinés à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, dont les effets se manifestent, dors et déjà, d'une manière dramatique et bien plus tôt qu'annoncé.
Maintenant notre maison commence à brûler pour de bon, comme l'avait prédit, en son temps le président Jacques Chirac à la Conférence du Monde à Rio et les dirigeants de la Commission européenne, Jean-Claude Junker et Frans Timmermans, ne se contentent pas de regarder ailleurs, mais lui tournent le dos.
Ils ont perdu de vue que l'Union européenne a un rôle important à jouer dans les décisions difficiles, qu'il faudra prendre pour l'avenir de notre planète, en faisant jouer son poids démographique, économique mais surtout moral, que des décisions comme celles qui viennent d'être annoncées, ne peuvent qu'affaiblir.
Certes, la Commission européenne doit relancer, dans la conjoncture actuelle l'économie et l'emploi, mais ceci ne peut pas se faire au détriment de l'environnement, sinon, cela n'aurait plus de sens.
Depuis plusieurs semaines, le patronat européen fait un intense lobbying, dont Bruxelles a l'habitude, pour demander l'abandon du paquet air et la réécriture du projet de directive sur l'économie circulaire d'un point de vue économique et non pas purement environnemental.
La Commission justifie l'allégement de son programme, sans avouer vouloir céder au lobbying patronal, par la volonté de se concentrer sur les priorités que sont l'emploi, la croissance et les investissements, en se défendant de vouloir abandonner toute ambition en matière environnementale, mais sans « imposer de la paperasse inutile ou des fardeaux réglementaires » autrement dit, sans contraintes.
La réaction des ONG ne s'est pas fait attendre, le WWF, la Fondation Nicolas Hulot, Réseau Action Climat, France Nature, Environnement, Les Amis de la Terre, pour ne citer que quelques-unes, jugent incompréhensible le retrait du « paquet qualité de l'air.
Pour les ONG « Ce premier test, pour la nouvelle Commission européenne présidée par le luxembourgeois Jean Claude Juncker, confirme le peu de cas qu'elle fait du développement durable et laisse craindre que cela ne soit que la première d'une série d'attaques à l'encontre des législations environnementales.
A leurs yeux, la Commission « a choisi de privilégier les intérêts privés de la frange la plus libérale des milieux d'affaires européens au mépris du bien être des citoyens.
Européens. »
Dans une lettre ouverte adressée dès le 17 novembre 2014 à la présidence de la Commission, le Bureau européen de l'environnement l'EEB rappelait que 400 000 citoyens européens meurent prématurément chaque année du fait de la pollution atmosphérique.
Selon ce groupe d'ONG influant, Bruxelles passerait à côté d'un énorme bénéfice en termes de santé pour l'économie européenne, alors que la Commission avait elle-même évalué de 40 à 140 milliards d'euros les gains attendus de la nouvelle directive, un langage bien compris à Bruxelles.
Le 1er décembre dernier, onze ministres de l'Environnement, dont Ségolène Royal pour la France, ont écrit à Jean-Claude Juncker pour s'alarmer de ses projets de suppression, notamment concernant celui sur l'air, approuvé selon un récent sondage par 79 % des Européens.
Il faut poursuivre et faire évoluer, en tant que de besoin, le programme lancé par la Commission Barroso, avec ses 83 projets de règlements et de directives, dont les paquets législatifs sur la qualité de l'air et l'économie circulaire et surtout ne pas l'abandonner, au moment où se préparent des décisions majeures, dont découlera l'avenir de la vie de l'homme sur la planète.
S'il n'en était pas ainsi, qui pourrait parler au nom de l'Union européenne à la prochaine conférence de l'ONU sur le climat à Paris ?
Erik Kauf
Rédacteur en Chef