Les effets du réchauffement en France au cours de la seconde moitié du siècle
Article lu 25959 fois, depuis sa publication le 13/11/2015 à 08:21:45 (longueur : 4842 caractères)
Nous sommes à la veille de la COP 21 et en croire le dernier rapport de synthèse sur les offres de contribution des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre, de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, nous sommes sur la voie d'un réchauffement de 3 degrés et non pas des 2 degrés recherchés, alors qu'il ne faudrait pas, en réalité, dépasser 1,5 degré pour rester dans un contexte acceptable.
Certes, c'est mieux que les quatre à cinq degrés auxquels nous étions exposés avant toute intervention sur le climat et qui rendraient caduque la vie telle que nous la connaissons.
Comme la COP 21 ne peut pas se terminer sur un échec, les organisateurs chercheront à rapprocher le souhaitable du possible, dans l'espoir de convaincre par la suite, les Etats pollueurs à augmenter leurs efforts.
Nous sommes entrés dans la phase du réchauffement, déjà avec une hausse de 1 degré de la température moyenne et l'année 2015 - qui se termine - est en passe de devenir l'année la plus chaude jamais enregistrée.
L'inertie du système climatique est telle qu'il n'est plus possible d'infléchir la tendance avant 2050, ce qui fait que les décisions qui seront prises cette année à Paris, n'auront pas d'impact immédiat.
En France métropolitaine, le climat sera de plus en plus chaud et cela tout au long des années à venir.
Les canicules estivales vont se multiplier et le brûlant été comme celui de 2003 deviendront une norme.
Le régime des pluies sera aussi impacté, les précipitations devraient augmenter l'hiver et diminuer l'été, avec un risque accru de pluies extrêmes l'hiver et des sécheresses l'été.
Les choses vont s'accélérer et dans les cinquante prochaines années, nous devrions encaisser le même réchauffement que lors du siècle dernier et c'est vers 2030-2040, qu'il faudra sortir des référentiels connus.
Les décideurs d'aujourd'hui ne seront plus dans le coup, ils auront vieilli, ils seront morts ou tout comme et ce sont les jeunes d'aujourd'hui, surtout ceux qui naissent depuis le début du siècle, qui en subiront les effets, avec un réchauffement qui risque encore de progresser de 2 degrés.
La vie dans les grandes villes, à commencer par Paris, sera à réinventer, sauf à devenir impossible, à commencer par l'habitat, aujourd'hui totalement inadapté, en sachant que le refroidissement nocturne des corps est essentiel pour récupérer.
Le bitume des rues et le béton des immeubles restituent la nuit la chaleur emmagasinée le jour et les voient ferrées et les routes risquent de mal supporter cette chaleur.
Cependant, les infrastructures peuvent être adaptées pour résister, aux fortes chaleurs, à condition d'y mettre les moyens.
Des maladies tropicales sont déjà signalées, dont la dengue véhiculée par les moustiques tigre, qui ont déjà colonisé sMadrid et Rome.
Paris passera au premier rang des villes à risques, à cause de ses aéroports qui reçoivent des milliers de passagers en provenance de pays où les maladies tropicales sévissent.
D'autres risques pour la santé vont se développer, en lien avec la pollution.
Plus grave encore, des pénuries d'eau douce sont à redouter, alors que l'on redoute depuis 1910 une crue de la Seine.
Désormais, les scientifiques prévoient un affaiblissement pouvant aller jusqu'à 50 % du débit de la Seine et, ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Dans la capitale où chaque vague de chaleur provoque un pic de consommation d'eau, la perspective d'une pénurie commence à être envisagée.
La mairie de Paris choisit désormais les essences d'arbres en fonction de leur pouvoir de résistante au stress hydrique.
Dans les montagnes, les glaciers vont disparaître totalement et la fin de la neige dans les 200 stations de sport d'hiver paraît déjà programmée.
Le réchauffement en cours provoque l'élévation de la limite naturelle pluie-neige, ainsi, en dessous de 1 800 mètres, il pleuvra davantage qu'il neigera.
Dans les Alpes, il y aura de nouveaux alpages pour les vaches et il faut s'attendre au développement de plantes invasives comme l'ambroisie, à l'origine de graves allergies.
Faute d'eau et d'humidité, les sols argileux peuvent se rétracter et provoquer des mouvements de terrain, fissurant les murs des maisons et le chêne pourrait disparaître de nos forêts, faute d'eau et ailleurs, les sous-sols sont menacés de s'effondrer.
Les inondations sont vouées à devenir un problème majeur, avec les fortes pluies et la hausse de la mer qui menace le littoral, notamment en Camargue.
L'agriculture et l'élevage dans les régions évolueront en fonction de nouvelles conditions climatiques et par là, les habitudes alimentaires de la population.
Cependant, la France, malgré ces évolutions restera, du fait de sa situation géographique, un pays privilégié.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef