L'avenir est aux avions sans pilote à leur bord

Le drame de l'Airbus A320 de la filiale low-cost du transporteur aérien allemand Lufthansa reste inconcevable pour le commun des mortels et, pourtant, il a eu lieu, ce qui prouve que ce qui est inconcevable peut se produire et peut se reproduire.

En fin de compte, nous avons eu de la chance dans notre malheur, car si le commandant de bord avait laissé ce copilote une demi-heure plus tard seul aux commandes, celui-ci aurait pu faire écraser l'avion qu'il pilotait, sur l'une des grandes agglomérations sur sa route, telle que Genève ou Lyon, avec des conséquences qu'il ne vaut mieux pas immaginer.

Des à présent, les constructeurs, les compagnies aériennes et les organismes nationaux et internationaux en charge de la sécurité aérienne doivent reconsidérer les procédures d'accès à la cabine de pilotage de leurs appareils, qu'il fallait protéger contre un possible piratage par la mise en place de portes blindées impossibles à ouvrir de l'extérieur, même à coups de hache.

Seulement, personne n'a imaginé la folie d'un membre de l'équipage, resté seul dans le cockpit et il a fallu le drame que nous venons de vivre pour se rendre compte que c'est possible .

Ce drame amène aussi à s'interroger sur la perspective, certainement encore loingtaine, de faire voler des avions sans pilotes à bord, mais avec des passagers.

Leur trajectoire sera programmée et supervisée depuis le sol, une technique préfigurée par la technique des drones, déjà expérimentée dans le domaine militaire.

Ainsi, le démonstrateur de combat européen réalise par le Groupe Dassault préfigure une alternative aux avions de chasse pilotés et un gros drone utilisé par une société israélienne est destiné au transport de troupe et à l'évacuation de blessés.

Dans le domaine civil, l'envol de drones de transport est envisagé à l'horizon 2050 et on sait que l'Office national d'études et de recherche aérospatial, l'Onera travaille depuis plusieurs années dans le cadre d'un projet initié par la Commission européenne sur un projet de petit avion taxi sans équipage.

Les obstacles à franchir ne sont pas seulement techniques, mais aussi d'ordre physiologiques.

Du temps d'Air Inter, l'arrivée de la première femme pilote a fait sensation, au point que des passagers, la voyant les accueillir en haut de la passerelle, auraient hésités à monter à bord.

Le fait d'embarquer dans un avion sans pilote risque de poser un problème psychologique autrement plus grave, car accepter de monter dans un avion dont le pilotes n'engage par sa vie de la même manière que celle des passagers est une perspective, dont il faut bien admettre qu'elle ne va pas de soi.

Cependant les mentalités évoluent, nous montons sans problème dans des rames de métro sans conducteur, dans des ascenseurs automatiques, ce que les usagers n'auraient pas imaginés il y a 30 ans et, dans dix ans, la voiture autonome sera probablement devenue une réalité.

Cependant avant de boucler sa ceinture et se laisser emporter dans les airs par un drone, de nombreux obstacles devont être surmontés.

Il s'agit essentiellement de question techniques et organisationnelles, comme assurer la liaison en toutes circonstances avec la base, malgré la pénurie prévisible de fréquences hertziennes et parer automatiquement à tout disfonctionnement ou imprévu.

Il faut faire en sorte que les drones habités volants soient capables d'éviter par leurs propres moyens les risque de collision, en mettant au point un contrôle aérien totalement automatisé et fiable.

Le pari sera sur le point d'être gagné, lorsque des syndicats de pilotes annonceront leurs premières grèves pour protester contre la mise en services d'avions sans pilotes à bord.

Erik Kauf
Rédacteur en Chef