Paris Fashion Week 2025 : le grand spectacle qui dissimule les fragilités du luxe

Chaque année, la Fashion Week de Paris attise les regards du monde entier, journalistes, acheteurs, influenceurs, passionnés de mode. C'est le moment où l'industrie du luxe dévoile ses dernières créations, affirme ses ambitions et cherche à captiver une clientèle ultra sélective. Mais derrière la féérie des podiums, se glisse une question plus inquiétante : cette édition 2025 ne masque-t-elle pas une fuite en avant de l'industrie du luxe, sourde aux signaux d'alerte d'un marché assoupi ?

1. De l'illusion de croissance à la réalité du recul

On aurait pu craindre que la stagnation économique paralysant les investissements et les recrutements finisse par rattraper l'industrie du luxe. Or il n'en est rien, du moins pour l'instant, par une logique presque perverse : la clientèle du luxe n'est pas celle du grand public, mais une élite épargnée, voire insensible aux aléas macroéconomiques. C'est à cette clientèle que les groupes du luxe donnent toute leur attention.

Pour illustrer ce mécanisme, on se souvient d'une anecdote devenue légendaire : Chanel avait lancé une montre au prix de 5 000 euros, mais celle-ci ne trouvait pas preneur. On suggéra alors de la porter à 10 000 €, et, à ce nouveau tarif, les montres furent vendues. L'explication ? A 5 000 €, ce n'était pas perçu comme un « objet de luxe » mais comme une montre ordinaire : « elle donne juste l'heure », et le prix trop modeste la rendait banale. A un prix suffisamment élevé, l'objet rassure sur sa valeur symbolique, sur sa rareté, sur son statut. Ce raisonnement vaut aussi pour les objets d'art : au-delà d'un seuil, leur valeur perçue croît quasi mécaniquement.

Dans cette optique, on peut dire que l'industrie du luxe, quand elle en a les moyens, a ...