Les entreprises vont devoir s'adapter au changement climatique
Article lu 28953 fois, depuis sa publication le 06/05/2014 à 07:57:41 (longueur : 3597 caractères)
Les entreprises ne pourront plus ignorer encore longtemps les prévisions du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, le GIEC, dont les rapports servent de base aux conférences annuelles de l'ONU afin d'obtenir un accord universel sur les mesures à prendre, pour tenter de limiter les dégâts.
Rappelons que le GIEC annonce un réchauffement progressif de la température moyenne, si rien n'est fait à temps pour la limiter, entre 2 et 4,8 degrés d'ici 2100, avec une montée dévastatrice du niveau des océans pouvant atteindre un mètre, accompagnés d'événements extrêmes, dont nous avons commencé à ressentir les effets.
Tous les secteurs économiques en seront affectés et, généralement d'une manière négative que les entreprises devront intégrer, dès à présent dans leur stratégie, c'est un exercice de « maîtrise des risques » qui ne tolérera aucun manquement.
Les entreprises doivent se préparer à évoluer et à agir dans un monde en mutation, écrit Pierre-André Chalendar, en sa qualité de président de l'association Entreprises pour l'Environnement l'EpE, qui regroupe depuis 20 ans une quarantaine de groupes et d'entreprises significatives dans leurs secteurs respectifs.
L'EpE a réalisé, conjointement avec l'Observatoire national sur les effets du changement climatique, l'Onerc, un rapport présenté en début du mois d'avril, consacré à l'adaptation au changement climatique, par les entreprises.
Si aujourd'hui, les entreprises sont notées sur leur capacité à réduire leurs émissions, à minimiser leur impact sur le climat, elles seront à l'avenir interrogées et notées sur leur capacité à faire face à un changement climatique, devenu inéluctable, dont dépendra leur avenir.
Si certaines entreprises saisissent déjà toutes les opportunités pour s'adapter au changement climatique, dans les vingt ou trente ans a venir, notamment dans la construction, dans les transports et dans les services, pour la grande majorité d'entre elles, prises dans les difficultés du quotidien, les méthodes traditionnelles d'évaluation des risques et les mesures de prévention classiques n'intègrent pas suffisamment les risques climatiques.
L'évaluation de ces risques se complique à cause des incertitudes locales et régionales ce qui fait qu'il sera difficile de prévoir le climat, évolutif, selon les endroits.
Les entreprises doivent déjà s'adapter aux marchés sur le court terme, mais c'est plus compliqué à plusieurs dizaines d'années.
Cependant, on connaît les zones à risques de submersion présentant une vulnérabilité pour les infrastructures portuaires ou industrielles, les risques accrus d'incendie, le manque de ressources naturelles et un besoin accru d'énergie pour la climatisation des locaux et qui en résultera.
Pour la délégué générale de l'EpE, Claire Tutenuit, cette évolution climatique fait peser un risque sur les finances des entreprises, qui menacent leur avenir, faute d'un travail d'anticipation.
Il faut aussi intégrer, à titre prévisionnel, dans les mesures à envisager, la vulnérabilité des fournisseurs, dont beaucoup sont installés dans des pays potentiellement très affectés.
Lors des dernières inondations en Thaïlande, 14 000 usines ont été immobilisées, principalement dans le domaine de l'électronique, en affectant la production de leurs clients, situés en aval.
Pour les rédacteurs du rapport, l'adaptation au changement climatique signifie des opportunités de développement et d'innovation dans tous les domaines, à ne pas manquer et nous ajoutons, « à condition d'avoir les moyens de les saisir au moment opportun ».