L'interdépendance eau-énergie

A l'occasion de la Journée mondiale de l'eau, les Nations unies ont mis en exergue l'interdépendance entre l'eau et l'énergie, dans le cadre des défis majeurs.

Pour rendre l'eau accessible, pour la pomper, la traiter, la transporter et la distribuer, il faut de l'énergie et pour produire de l'énergie, il faut beaucoup d'eau.

Selon les experts de l'ONU, qui ont travaillé sur le 5ème rapport mondial sur la « Mise en valeur des ressources en eau mondiales », rendu public en mars à Tokyo, les trois quarts des 20 % d'eau prélevé sur les ressources hydriques mondiales par l'industrie, servent à produire de l'énergie.

Rappelons à cette occasion que l'agriculture, avec 70 % de la consommation, reste l'activité la plus gourmande en eau, suivi de loin, avec 20 %, comme nous venons de le dire, par l'industrie, et le reste, 10 % est destiné aux usages domestiques.

L'agriculture devra réduire ses besoins, en évitant notamment, dans le domaine de l'irrigation, les gaspillages, alors que, du fait de la croissance démographique et économique, l'industrie, notamment pour la production d'énergie, aura des besoins croissants.

L'exemple vient des Etats-Unis et de pays d'Europe du Nord, qui utilisent de plus en plus d'eau pour faire fonctionner leurs centrales thermiques et finissent par peser, chez eux, autant que l'agriculture.

Il faut de l'eau pour l'extraction du charbon, du gaz et du pétrole, sans parler de l'eau nécessaire à la fracturation hydraulique.

Pour la production d'électricité, il faut alimenter et refroidir les chaudières et surtout refroidir avec une mention particulière les centrales nucléaires, implantées sur le bord de cours d'eau, dont dépend la sécurité.

Cependant, les programmes de refroidissement de ces centrales par l'eau des rivières, peut-être contrecarré, au cours d'une période de canicule, par le réchauffement des cours d'eau.

Ce n'est pas un cas d'école, car des centrales nucléaires installées le long du Rhône ont déjà dû freiner leur activité pour cette raison.

L'industrie va devoir adapter ses besoins aux ressources qui se raréfient, au point que dans plusieurs régions, les nappes phréatiques ont vu leur niveau baisser, avec le risque de devenir saumâtres.

Déjà, un aquifère sur cinq est surexploité et, ne renouvelle plus ses réserves, d'où l'alerte de l'ONU qui prévoit que d'ici à 2050, 2,3 milliards de personnes vivront dans des zones soumise à un stress hydrique sévère, surtout en Asie et en Afrique du Nord.

Le secteur de l'énergie ne sera pas épargné et au cours de l'été 2012, la sécheresse qui a sévi dans plus de la moitié des Etats-Unis a opposé fermiers qui essayaient de préserver leurs ressources hydrauliques pour leurs récoltes et des industriels du gaz de schiste, empêchés de réaliser la fracture hydraulique pour produire du gaz et du pétrole.
Cette pénurie se manifeste au niveau des grands barrages, dont l'eau fait tourner les turbines pour produire l'électricité la moins chère du Monde, pour servir ensuite à l'irrigation.

Il se trouve que la consommation énergique mondiale a crû de 186 % en quarante ans et que l'homme depuis 1980, accapare 1% de ressources hydrauliques supplémentaires chaque année.

Au rythme qui se dessine actuellement, il faudrait trouver 55% d'eau de plus d'ici 2050 pour répondre à l'ensemble des besoins.

La part de l'énergie renouvelable reste modeste, mise à part les 16% apportés par l'hydroélectricité , le développement du solaire et de l'éolien reste limité, tant que la question du stockage de l'électricité ne sera pas résolue.

L'interdépendance eau-énergie se manifeste particulièrement dans la région Asie-Pacifique où le charbon, en dépit de ses grands besoins enn eau, conserve sa première place.

Selon les experts, 15 à 18 milliards de m3 d'eau douce y sont contaminées chaque année par la production de combustibles fossiles.

On parle moins de la désalinisation de l'eau de mer, aux ressources semble-t-il illimitées, s'il n y avait le problème du sel résiduel, impossible à rejeter en trop grandes quantités à la mer.

Elle semble être réservée pour régler des problèmes ponctuels, d'approvisionnement domestique dans des villes comme Barcelone, qui doit importer de l'eau pour la population.

Pour la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, l'interdépendance des ressources en eau et en énergie appelle de la part de tous les acteurs une coopération beaucoup plus étroite, car il est clair qu'il n'y aura pas de développement durable, tant qu'il n'y aura pas de meilleur accès à l'eau et à l'énergie pour tous.